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par one minute in the dream world le 10 novembre 2009
24 septembre 2009 (Le Son du Maquis)
Pour commencer, il importe de souligner que Le Son Du Maquis a encore fait un choix judicieux en optant pour ce groupe parisien talentueux, à l’esprit aussi décalé que ses collègues de label, bien que moins ouvertement barré.
On retrouve cependant ici une pluralité d’ambiances qui nous confirme que le quatuor mené par Oan Kim (chant) œuvre dans un esprit libéré de toute contrainte et éloigné de toute démarche par trop normale ou normée. Ceci permet à Film Noir de signer des titres aboutis, distingués à l’image d’ In A Courtroom, morceau introductif évoquant Deus ou Tom Waits par cette ambiance jazzy gentiment bousculée par une guitare qui sur la fin se fait plus tranchante, ceci après nous avoir gratifiés de touches subtiles allant de pair avec l’organe vocal velouté de Oan. On évolue ici comme dans un patchwork parfois un peu éclaté, mais qui garde sa cohérence et dont chacun des éléments s’avère prenant au possible. On passe, par exemple, du titre décrit plus haut à un An Accident beaucoup plus rapide, qui offre toutefois un savant mélange entre délicatesse et intensité. Ce juste dosage est l’un des avantages que présente le groupe et par conséquent son album, au sein duquel les deux options cohabitent parfaitement, qu’elles soient dans la proximité au cœur d’un seul et même morceau, ou détachées l’une de l’autre car liées individuellement à telle ou telle chanson. Dans le registre de la douceur, Red Purple Black & Blue est un véritable don du ciel, sensible et portant les traces de l’émotion d’un Radiohead, le saxophone de Julian Yanouchev amenant de plus une touche notable. Et dans l’orientation plus rock, Short Men Long Shadows, aux relents Strokes bridés, fait également ses preuves avec brio.
Il n’y a ici aucune ombre au tableau, le seul "reproche" que l’on pourrait faire à ce témoignage sonore d’une Enfance Très Heureuse étant de n’inclure que peu de titres fougueux, ce qui toutefois ne gâche en rien sa valeur et réjouira les amateurs de musique raffinée, que l’écoute d’un By The Way mettra en joie, tout comme The Shooting Game, sautillant et livrant des plages plus acides. Les climats mitonnés par Film Noir charment (The Farmer et son saxo enjôleur auquel répondent des guitares plombées puis finement ciselées) quelle que soit leur teneur, et quand ils sortent de leurs penchants nuancés, cela nous donne de superbes réussites (It’s Goodbye), vives et animées par une énergie rock aux apparitions certes éparses, mais significatives. Vocalement, et comme le démontre le titre placé en dernière position, I Had A Very Happy Childhood, l’opus est aussi d’un grand attrait, tout comme dans ses trames instrumentales, riches et élaborées avec soin. Son rock hybride lui donne l’occasion de s’inscrire, par le biais de ce premier long-jet, directement dans la catégorie des formations à suivre de près, d’autant plus qu’ici, tout retient l’attention, même ce digipack orné de photos magnifiques, ou encore la constitution même du groupe (Benoit Berraudaut, le bassiste, vient des excellents Object, et le batteur au doigté remarquable, Assen Tzankov, a joué avec Jacques Higelin, sans oublier les guitares loquaces, séduisantes en tous points, d’Alex Choiselat).
Et si on perçoit, ça et là, la présence des influences avouées par les parisiens, ceux-ci semblent les avoir parfaitement digérées, et possèdent une identité assez forte et affirmée, et des compositions assez bonnes, pour ne pas avoir à pâtir de ce constat. Bien au contraire, la qualité dévoilée sur I Had A Very Happy Childhood ne fait que servir l’intérêt de Film Noir et en asseoir le statut d’espoir sur lequel nous pouvons désormais projeter de réelles attentes. Nul doute qu’à l’avenir, celles-ci seront entendues et amplement satisfaites, à la hauteur du bonheur qu’engendre le disque décrit en ces lignes.
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