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par Arnold le 22 février 2005
Putain ! Sale nouvelle ! A peine revenu du boulot que j’apprend ça... Le "Docteur" Hunter S. Thompson est mort. Il s’est suicidé... Pas un mot au JT... Comment oublier un génie pareil ?
Hunter S. Thompson, pour ceux qui ne le connaissent pas encore, est l’inventeur du "Journalisme Gonzo"... Ca ne vous dit toujours rien ? Bon, alors Las Vegas Parano, ça vous parle peut-être plus ?...
Pour vous le présenter brièvement, il est né en 1937, à Louisville. Il commence dans le journalisme vers la fin des années 50 comme chroniqueur sportif... Très vite il écrira son premier roman en 1960, Rhum Express. Il décide en 64, de s’immerger parmi les Hell’s Angels pour rédiger des articles sur cette communauté souvent décriée. Il en sort un second livre : Hell’s Angels.
On commence alors à sentir chez lui une conviction : le Rêve Américain est mort... C’est d’ailleurs le thème principal de son livre le plus culte sorti en 1971 : Las Vegas Parano [1] où il raconte une escapade à Las Vegas pour couvrir une course de sports mécaniques, avec une valise pleine de drogues diverses et variées...
Hunter S. Thompson, était comme une rock star... Complètement imprévisible... Les revues pour lesquelles il travaillait (dont le célèbre magazine Rolling Stone) se retrouvaient souvent avec des notes de frais longues comme le bras... Il se décidait à envoyer son article une semaine après la date de bouclage. Ou bien il n’envoyait que ses notes, sans aucune mise en forme, et la revue devait se contenter de ça...
Mais Hunter S. Thompson est avant tout reconnu pour avoir inventé une nouvelle forme de journalisme. Le “Journalisme Gonzo”... Un savant mélange de fiction et de réalité. Il le définissait lui même comme « un style de "reportage" fondé sur l’idée de Faulkner que la meilleure fiction est beaucoup plus vraie que n’importe quelle forme de journalisme ». Selon lui, on franchit la limite du journalisme pur et dur, pour se rapprocher de l’art... Pour un vrai reportage Gonzo, il ne faut rien de moins que « le talent du maître journaliste, l’œil du photographe/artiste et les couilles en bronze d’un acteur. ».
Les recueils de ces chroniques La Grande Chasse Aux Requins ou Le Nouveau Testament Gonzo couvrant les campagnes de Nixon et le scandale du Watergate, sont le plus bel exemple qui soit... Le "Docteur" vit son reportage à fond, il le relate à la première personne, avec un ton cynique, destructeur...
Dans les années 70, il se retire dans son ranch de Woody Creek, près d’Aspen où il se présente même aux élections pour devenir le shérif d’Aspen (Colorado). Son programme propose de "gazonner" les rues... Il échoue de peu...
Toujours très sage, Hunter S. Thompson dénonçait après les attentats du 11 septembre, "la dépression nerveuse à l’échelon national" de l’Amérique de Bush et ne souhaitait plus produire quoi que ce soit "dans une nation dirigée par des porcs".
Hunter S. Thompson s’est suicidé à 67 ans, un canon de fusil dans la bouche. Un génie est mort, le Journalisme Gonzo est orphelin...
[1] Ce livre sera d’ailleurs adapté à l’écran par Terry Gilliam en 1998, avec Johnny Depp dans le rôle de Thompson. Le "Docteur" fait d’ailleurs une apparition dans le film quand le héros, en plein trip hallucinatoire, se voit 30 ans plus tard.
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