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mercredi 15 avril 2015
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par Milner le 21 mars 2006
paru le 13 mars 2006 (Parlophone / EMI)
Avec l’âge, Graham Coxon n’a plus seulement envie d’écouter de la musique qui lui permette d’éprouver une sensation mais aussi de jouer celle qui lui rappelle les doux sons de son adolescence. Depuis son départ de Blur en 2002, le guitariste binoclard s’est affirmé avec son cinquième album Happiness In Magazines, sorte d’anthologie de titres définitifs à la sauce power pop du plus bel effet. Effectivement, on est loin des pérégrinations de son ancien groupe visiblement plus à l’aise pour composer chez les touaregs que la bonne majorité du commun des mortels. Le Cox aurait plus volontiers l’ambition d’écrire des titres bien dans l’esprit de ses idoles de jeunesse (The Who, The Jam, Buzzcocks), le genre de compositions qui ne courraient pas les rues durant ses treize années avec la bande à Albarn.
Love Travels At Illegal Speeds se situe typiquement dans la droite lignée de son précédent effort de 2004 : dès le titre inaugural (Standing On My Own Again), la voix attaque sur un tempo infernal qui ferait passer les cadences de travail dans l’industrie automobile pour de sympathiques récréations. Ici, plus de compromis folk hippie pour faire bon genre, Coxon défriche sa voie à grands coups de guitares. Du pur binaire, rustique et rugueux, découpée en tranches épaisses comme sur l’épatant Gimme Some Love. Les paroles sont simples et concises (avoir trente ans, être un bon à rien, découvrir l’amour au fond de ses poches), taillées dans le quotidien le plus banal, juste un peu plus « adultes ». Hymnes comme le groupe de Weller savait les ficeler en son temps (What’s He Got ?), riffs façon Gloria (You Always Let Me Down), chanson lente à l’atmosphère kinksienne des plus réjouissantes (See A Better Day) : telles sont les différentes facettes de l’artiste dans sa plus belle écoute qui risquent de faire des jaloux chez les plus jeunes.
Avec Don’t Believe Anything I Say, l’ambition s’élève, les claviers de Sean Read prolongent simplement cette agréable mélodie sans un instant friser la mièvrerie ou le sirupeux. Un opus empli d’humilité, bien mieux qu’un deuxième couteau puisqu’il est déjà bien tranchant. A l’occasion, Graham Coxon rappelle qu’il est bien une espèce de « folk singer » des temps nouveaux, un remède contre le marasme économique ambiant, la psychose de l’Apocalypse. Et sa power pop est une véritable puissance quand elle se trouve dans d’aussi bonnes mains.
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