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mercredi 15 avril 2015
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par Kris le 22 août 2006
paru le 27 février 2006 (Labels)
Fin 2005 retentissait dans nos oreilles une déflagration élégante, une explosion non mortelle, un poison inoffensif. Oh Mandy ! provient de nulle part, d’un côté paumé du Mississippi de l’autre rive de l’Atlantique chez nos prolifiques voisins Américains. The Spinto Band, inconnu au bataillon. Pourtant ils ne devaient pas tarder à se faire connaître en nous présentant une de ces cartes de visite que l’on n’oublie pas de sitôt. Oh Mandy ! est un titre lumineux, un tourbillon, une cavalcade de cordes à la poursuite d’on ne sait quelle Mandy qui semble obliger le chanteur à pousser sa voix dans ses retranchements les plus nécessiteux. Urgence, présence, mélodie entraînante, tout est là, tout ce dont on a envie se trouve dans ce premier single de folie. The Spinto Band vous dites ?
Sextet devenu quintette suite au départ d’un de leurs membres, The Spinto Band est jeune, très jeune même. Ils sont même curieusement communs, des jeunes hommes-adolescents axés autour de sa doublette de chanteurs-compositeurs Nick Krill et Thomas Hughes. Pourtant, pas une ombre de questionnements existentiels à la Smiths, pas de mal-être adolescent à la Belle And Sebastian. Mais plutôt, des guitares tous décibels déployés, forts, vifs accompagnés dans ce séjour par des mélodies euphorisantes et jouissive, auxquelles s’adhère une audace juvénile. Nice And Nicely Done sort donc quelques mois après la punition expéditive perpétrée par l’assassine Oh Mandy ! qui nous aura empêchée d’apprécier à leur juste valeur tout titre qui aurait été écouté dans la même playlist. L’énergie transmise lors de l’écoute de Nice And Nicely Done est fulgurante. Percutante. Impressionnante presque. Qu’autant d’énergie soit transmise aussi facilement, par un Pavement enjoué et rigolard, qui jouerait une lo-fi vivace et si légère, ou bien au travers d’une power-pop inspirée.
Une facilité d’approche qui rend The Spinto Band sympathique. Un groupe à qui tout semble sourire, et qui nous sourient toutes dents dehors en retour. Un sourire qui prend forme dès les premiers titres de Nice And Nicely Done. Et ce qui fait définitivement le charme de ces jeunes américains, c’est cette insouciance, cette extraversion naturelle et incroyablement communicative. Une ouverture sur Did I Tell You dévoile l’identité du Spinto Band qu’ils devaient adopter tout au long de l’album. Le rythme paraît nonchalant, mais entrecoupé et divisé, avec une rythmique stakhanoviste, dont les couches musicales se superposent sans indigestion. Chaque titre du Spinto Band semble être joué à une allure folle, lancé sur une autoroute. Voguez mélodies, instruments et voix brisées ! Des titres comme Trust Vs. Mistrust, Spy Vs. Spy ou la mignonne So Kind, Stacey semble être pressés, comme poussés par derrière, les guitares s’affolent de temps à autre sans jamais toutefois subir de sorties de routes. Pas de hâte ou de précipitation sur Nice And Nicely Done, tout semble évoluer normalement et naturellement.
La côte de sympathie dont bénéficie The Spinto Band est probablement aussi due à cette cure de jouvence que l’on subit à l’écoute de leur premier album. Véritable ode à la joie, leur petit côté Beethoven probablement, Nice And Nicely Done distille ses petites pastilles de bonheur. Opium d’un peuple déprimé et ostensiblement lessivé ? Probablement. Comment résister à la fugacité et la jovialité d’un Crack The Whip ? Comment contrôler ces épaules qui glissent latéralement dans le sens opposé du rythme adopté par notre tête dès lors que les premières notes de basse se mettent à outrageusement résonner ? Comment ne pas sourire lorsque ces trublions débutent Brown Boxes sur des kazoos tout droit provenu d’un cadeau trouvé dans un menu Happy Meal ?
The Spinto Band est incontrôlable et joue beaucoup de ruptures de rythmes tous à la fois plus entraînant que les autres. Que reste-t-il à dire lorsque l’on entend une chanson du calibre de Direct To Helmet ? Un début soutenu supporté par une guitare acoustique envoûtée à laquelle vient s’ajouter une batterie gracile. Orchestre de chambre mené par le chant de Hughes, déployée et secondée par des sifflements rebelles. Une mélodie que vient brusquement contrer un riff flagrant et inarrêtable, une dynamique renversante, tourbillonnement de cordes insaisissables. The Spinto Band nous livre ici en tout cas une démonstration de compositions modernes et efficaces, calquant des influences pop-rock variés, aussi proches des Kinks que de Clap Your Hands Say Yeah, se plaçant comme des cousins pas si éloignés de Weezer. Comme toute musique joyeuse et fantasque, les paroles ne sont pas des modèles du genre, mais la magie opère tout de même. Sans que l’on s’en soit rendu compte, on chantonne Oh Mandy ! tout seul dans sa tête, on dodeline langoureusement de la tête et du corps sur Japan Is An Island, on remue ardemment de la tête et du fessier sur le très rock british Late. Il faut que jeunesse se passe. Si seulement toute jeunesse pouvait se passer comme celle de The Spinto Band...
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