Films, DVD
Pat Garrett And Billy The Kid

Pat Garrett And Billy The Kid

Sam Peckinpah

par Giom le 11 septembre 2007

3

Paru en 1973 (Warner Bros) ; 140 minutes.

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L’Amérique aime à revisiter ses mythes fondateurs et le genre cinématographique du western en est une belle preuve. Sam Peckinpah semble en être l’un des derniers maîtres. Surtout connu pour son classique La Horde Sauvage (1969) avec William Holden, il serait dommage de laisser sous silence ce Pat Garrett And Billy The Kid qui a pour particularité de réunir dans le même casting, James Coburn, Kris Kristofferson et... Bob Dylan, ce dernier étant également compositeur de l’intégralité de la B.O.. Film de 1973, c’est dans un premier temps un bide, puis, il ressortira dans une version Director’s cut en 1988 pour enfin obtenir une reconnaissance somme toute justifiée.

Le scénario est en tout cas connu, substrat de la mythologie américaine autour du fameux Billy The Kid. Pat, le hors-la-loi repenti poursuit Billy, la relève des outlaws. Billy court donc pour éviter ce nouveau shérif qui fut autrefois son compagnon de route. Maintenant, la couche du scénario est plus épaisse qu’il n’y paraît et il faut voir dans le film de Peckinpah une véritable fable contemporaine. Coburn, le vieux, joue un personnage de rangé qui cherche à « vieillir dans un monde déjà vieux ». Kristofferson lui symbolise ce besoin de liberté et de destruction des barrières propres à la jeunesse. Fort Summer, le repère du jeune bandit ressemble d’ailleurs à s’y méprendre à un îlot pour hippies en marge d’une société mercantile. Car de mercantilisme il en est déjà question dans ce film de 1973 puisque Garrett n’est pas qu’un repenti, c’est un vendu, à la cause du riche exploitant Chisum, qui ne veut plus voir de jeunes loufoques par ses terres et qui mandate le vieux Garrett pour l’en débarrasser. Au final la loi reprendra son droit, l’Amérique redeviendra rangée malgré une certaine mauvaise conscience qui se lit sur le visage du shérif Garrett. Les dernières images montrent cependant qu’une nouvelle relève finira par naître. L’histoire est éternel recommencement, seul le décor change, ou reste, c’est selon...

Et Dylan dans tout ça ? C’est Alias, personnage mystérieux dont les répliques dans le film ne dépassent pas la douzaine. Seul le visage parle et peut-être les actes puisqu’Alias se range du côté des jeunes, chose normale sinon le réalisateur aurait pris un autre acteur, sans pour autant prendre véritablement part au clivage idéologique du duo Garrett/The Kid. Dylan est un observateur qui dit pouvoir vivre « où il veut, quand il veut, de toute façon, tout dépend de qui on est ». Presque sa plus longue réplique qui montre qu’il est peut-être le seul a être véritablement libre. L’ironie veut qu’Alias soit fasciné par le Kid alors que c’est Dylan qui fascina un temps Kristofferson. L’histoire du cinéma n’est pas celle de la musique...

De la musique justement, c’est également ce qu’a fait le Zimm’ pour ce film. Une B.O. toute en guitares acoustiques countrisantes dans la mouvance de ses productions discographiques de l’époque. Lors des moments pathétiques du film (comprenez, des morts de cow-boys qui avaient de bons fonds), les accords de Knockin’ On Heaven’s Door résonnent au moment où la caméra élargit son plan sur un horizon bleu-turquoise. Adéquation parfaite qui ne peut que faire mouche et participera à former un nouveau hit de Dylan, de nombreuses fois repris. Sinon, rien de vraiment stimulant au niveau des compositions, mais l’essentiel est sûrement ailleurs.

Les amateurs de westerns aimeront donc moyennement ce Pat Garrett And Billy The Kid tant tout l’intérêt du film est dans son décalage, transcription d’un affrontement de générations à la fois actuel et intemporel. Kristofferson fait en effet un peu parachuté dans ce décor mexicain et a du mal à faire de sa gueule d’ange une trogne de baroudeur à cheval. Dylan dans ce sens colle beaucoup plus à l’esprit, du moment qu’il ne parle pas trop. Seul Coburn, avec son look de Jean Rochefort américain, fait forte impression tout de noir vêtu, symbolique des couleurs une sempiternelle fois exploitée au cinéma. Le côté obscur de la force. Le Kid de Peckinpah, lui, a les dents bien blanches.



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