Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Giom le 16 octobre 2007
Publié en 2006 aux éditions Le Mot et le Reste
Gilles Tordjman le dit très bien dans la préface de Rock, Pop : Un Itinéraire Bis En 140 Albums Essentiels : « Voici donc une autre histoire du rock, celle des chemins de traverse. »
En effet, tout lecteur désirant se construire une solide culture rock à base de fondamentaux bien massifs ferait mieux de ne pas emprunter ce chemin-ci. Celui d’un autre Philippe, très connu, fera très bien l’affaire. Ici, donc, point de The Beatles, The Rolling Stones, Led Zeppelin, Pixies ou Nirvana mais par contre, on y croise The Zombies, Spirit, Sparks, Sonic Youth ou encore Shellac. Oui, Shellac, le combo hardcore du producteur Steve Albini qu’il est si peu courant de retrouver dans ce genre d’anthologie. Et encore, c’est sans compter sur Guru Guru ou Keiji Haino. Chemin de traverses.
Une fois le parti pris compris, quelle est la méthode ? Et bien c’est simple, Philippe Robert se donne une page pour convaincre sur chaque album, proposant ainsi un rapport d’égalité de traitement des œuvres étudiées très intéressant. Cela a en plus le mérite d’apporter des qualités de concision et de synthèse aux textes assez bienvenues. Robert va à l’essentiel et prouve en quelques lignes pourquoi tel disque mérite de voir réévaluer son statut au sein d’une histoire officielle du rock trop figée et parfois bien amnésique. Une autre résultante de cette méthode est que le critique ne s’égare jamais, fondant toujours son propos sur des faits imparables et, alors que d’autres s’amusent quand ils parlent de rock à se perdre dans la mythologie de l’imagerie propre au genre, lui garde le cap sur l’essence de sa matière : la musique, son originalité, les ruptures esthétiques qu’elle provoque où la tradition dans laquelle elle s’inscrit. Bref, l’essentiel, le nerf de la guerre. Un propos à visée scientifique qui rassure quand on a l’oreille et les yeux maintenant habitués aux interventions parfois délirantes de certains spécialistes autoproclamés du rock en France. Comme si une musique populaire ne pouvait pas elle aussi avoir le droit à une critique sérieuse.
Alors, bien sûr, on pourra éventuellement critiquer quelques choix, symptômes de goûts trop prononcés pour un genre vis-à-vis d’autres de la part de l’auteur. On regrettera que Robert consacre par exemple tant de pages au néo-folk du tournant du siècle, convoquant presque tous ses représentants (Devandra Banhart, Cocorosie, Joanna Newsom…) alors qu’un seul aurait peut-être suffit.. On s’étonnera de trouver Electric Warrior de T.Rex, un groupe pas vraiment représentatif d’un côté alternatif du rock tant son succès fut immédiat et sa musique collait parfaitement à l’époque alors que sa première mouture folk, Tyrannosaurus Rex l’était beaucoup plus. On râlera sur le choix du Fairport Convention tant on peut considérer que Liege And Lief n’est pas le disque le plus pertinent du groupe.
Mais tout ça n’est finalement pas si important en comparaison du plaisir ressenti par le voyage à travers cette constellation musicale recréée pour notre plaisir par Philippe Robert. Une chose est sûre, chaque étoile y brille de mille feux. Attention les yeux !
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |