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mercredi 15 avril 2015
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par Milner le 28 novembre 2006
paru le 23 octobre 2006 (Chemikal Underground)
Les fins d’années voient toujours désormais arriver des compilations sorties par des labels avides d’espèces confondantes et de mercantilisme accru. Mais, il arrive qu’il y ait des exceptions. Dans le cas présent, vu que Arab Strap a connu des ventes en quantités assez relatives et qu’il a désormais splitté, il était encore plus naturel de retracer leur carrière. Et force est de constater que les deux gaillards qui le composent avaient un certain talent.
Disons le d’emblée, Ten Years Of Tears ! n’est pas un disque facile à sauver au milieu d’une telle concurrence. En effet, pas de mérite intra-maisons, pas de récompenses de type MTV Awards qui en feraient saliver pas mal. Arab Strap, normalement, c’était fini, le groupe s’étant séparé à la fin de l’été 2006. Après The Last Romance sorti en 2005, c’était à peu près ce qu’il pouvait faire de mieux. Mais voilà, chez Chemikal Underground (maison-mère des Delgados), le respect rime avec service rendu et on ne pouvait pas ne pas marquer l’événement. Alors, dans ces conditions, on pouvait effectivement s’attendre à un nouveau disque de Moffat et Middleton. On retrouve ainsi une compilation témoignage du répertoire de ces Écossais, ce qui permettra à certains de se familiariser avec le groupe en mode accéléré.
Proposant une collection d’inédits et de l’intégrale des tubes (tubes ? Non, c’est pour rire !), l’ensemble se veut assez disparate mais finalement dans une mouvance electro-folk (quoiqu’on peut entendre des guitares vraiment tranchantes sur l’excellente I Saw You, inédit enregistré chez le mythique John Peel ainsi que sur la version live de Gilded) caractéristique de la seconde partie des années 90 qui ne juraient pratiquement plus que par ces gadgets technologiques. Naturelles (Packs Of Three), entraînantes (There Is No Ending, final humoristique gonflé), certifiées sans reprise (on aurait pu craindre une douze mille huit cent quarantième version de A Change Is Gonna Come en version schizophrène avec la présence des potes de catéchisme), toutes les chansons ont leur univers propre, ce qui est l’une des qualités principales que dégagent les Écossais à l’écoute de ces dix-huit titres.
Le sens de l’espace et du silence provoque paradoxalement un sentiment de magnificence, le spleen et l’humour se mélangent généreusement, au-delà du naïvisme revendiquée par ailleurs. Bref, un bien bel effort d’évasion à la tyrannie de l’apparence sacrifié judicieusement au profit d’une aventure esthétique fascinante et différente. Comme le disait Aidan Moffat : « Je l’avais quelque part dans un coin de mon esprit. Dix ans semblaient être une bonne durée de vie pour un groupe comme le notre ». Une musique à écouter en souriant, un mouchoir à la main.
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