Sur nos étagères
The Outsider

The Outsider

DJ Shadow

par Giom, Brrrrr le 31 octobre 2006

4

paru le 18 septembre 2006 (Island / Universal)

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Nous avions quitté Josh Davis un soir d’août 2006 à la suite d’une performance live en demi-teinte à l’occasion de la dernière édition du festival Rock en Seine. Une performance qui avait tout pour être énorme mais qui souffrait du manque de temps imparti aux artistes du festival et qui ne laissait donc pas ou peu la possibilité à l’artiste d’imposer son atmosphère. Pourtant, les oreilles attentives pouvaient profiter de l’occasion pour prendre la température du plus fameux des représentants du courant abstract hip hop, devenu en quelques années et albums une légende vivante. Intercalés entre les « hymnes » de The Private Press et Endtroducing, les spectateurs purent entendre ce soir-là quelques nouvelles mixtures résolument hip hop, très old school, aidé en cela par la présence du flow de Lateef The Truth Speaker, très en verve cette soirée-là.
Lors de la conférence de presse qui précédait la performance, l’Homme de l’Ombre nous avait confié son amour de la musique et surtout de toutes les musiques, son besoin de dépasser les genres, les styles et de n’aucunement se laisser cataloguer dans son travail. Rarement aucun artiste ne semblait aussi conscient de la problématique qui habitait alors son avenir musical : comment ne pas se laisser enfermer dans la répétition quand on est devenu une icône, qu’on a inventé quelque chose, tracé une nouvelle voie dans laquelle se sont engouffrés de nombreux imitateurs depuis. Quelques jours plus tard, sortait The Outsider. Et si le titre de ce disque que nous attendions depuis quatre ans n’était-il pas représentatif de l’esprit de son compositeur ? Redevenir un outsider quand cela ne semble plus possible. Tout un programme...

On a alors pris la galette, jauger le concept, frémi en écoutant cette voix introductive qui nous annonçait le contenu des hostilités : voici l’histoire de l’outsider, celle que vous n’avez encore jamais entendue, écoutez bien, ça va déménager.

Et en effet, ça déménage. Les bribes de hip hop musclé entendues à Rock en Seine sont bien présentes, comme un retour à la source pour bien faire comprendre à tous les autres falsificateurs que toutes les sophistications et extrapolations ne sont rien sans une bonne maîtrise de la base du genre (Turf Dancing, Enuff, Dats My Part...) On le sent donc, DJ Shadow est revenu aux affaires sérieuses, n’en déplaise à une partie de son public, plus penchée vers ses compositions aux ambiances rock de The Private Press que le reste.

Sauf que voilà, le miracle, c’est qu’il y a de tout sur ce disque. Un vrai bonheur de retrouver des boucles de guitare apaisantes (Broken Levee Blues) qui précèdent un autre instrumental tout aussi envoûtant (Artifact). Shadow marque même le coup en invitant sur certaines pistes (Erase You, You Made It) un véritable chanteur pop à la voix emphatique et bien anglaise, Chris James, qui vient bouleverser ce château musical west-coast aux nombreuses portes d’entrée.

Après plusieurs écoutes du disque, on est finalement conquis, une nouvelle fois bluffé. Le tout est d’une variété et d’une homogénéité impensable. Mais comment ce type peut-il caser dans le même disque des plages new age (Triplicate / Something Happened That Day, What Have I Done) et du rap hardcore de façon tout à fait cohérente. Mystère, mais que ça fait du bien. Pour finir, on retiendra en tout cas le titre Backstage Girl, synthèse fabuleuse de ce projet une nouvelle fois complètement fou : instrumentation rock avec solos qui vont bien, chants rugueux qui se terminent pourtant par des vocalises dignes d’une composition soul, rythmique dynamisante à souhait... mais où va-t-il chercher tout ça ? Comme les quatre ans ont dû sembler longs aux amateurs du DJ.

Enfin voilà, au final, après un tel éblouissement et de telles surprises, une seule certitude reste. Oui, Josh Davis est redevenu un outsider en se mettant en danger. Mais un outsider dont la curiosité et l’amour pour la musique ne peuvent que lui faire gagner une nouvelle fois la partie. Certes, on s’en doutait un peu.



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Tracklisting :
 
1. Outsider Intro (2’18”)
2. This Time (I’m Gonna Try It My Way) (3’08”)
3. 3 Freaks (3’47”)
4. Droop-E Droop (0’18”)
5. Turf Dancing (4’36”)
6. Keep Em Close (3’08”)
7. Seein Thangs (3’40”)
8. Broken Levee Blues (2’07”)
9. Artifact (2’67”)
10. Backstage Girl (7’52”)
11. Triplicate / Something Happened That Day (3’44”)
12. The Tiger (5’23”)
13. Erase You (6’58”)
14. What Have I Done (5’24”)
15. You Made It (2’47”)
16. Enuff (4’28”)
17. Dats My Part (4’03”)
18. 3 Freaks (4’32”)
 
Durée totale : 70’44”