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par Milner le 28 avril 2009
paru le 11 septembre 2006 (Korova / Warner Music)
Chez tous les tenants du jazz-rock, c’est un syndrome généralisé. Mais alors, chez Echo And The Bunnymen, cela ne frise pas l’hémorragie ! La boulimie discographique, ces hommes-là ne la connaissent pas. En quelque trente ans, ils n’auront pas sorti plus de dix disques, compilations incluses. D’ailleurs, les hommes-lapins font un peu figure de groupe maudit en France, sans trop que l’on sache pourquoi : sa musique a toujours été de qualité, mais sans artifice a toujours été sa démarche. De plus, il faut reconnaître que pour peu que l’on soit passé à côté des chouchous de la presse britannique il y a de cela vingt-cinq ans, difficile d’en savoir plus sur ce groupe au nom pas permis. C’est à ces interrogations que tentera de répondre cette compilation car pour une fois, toute la crème y figure sur vingt titres.
Car à ses débuts, que Echo And The Bunnymen soit devenu en un peu moins d’un an un groupe qui « vend du disque » en Grande-Bretagne était un sacré phénomène. Rappelons qu’en 1978, la groupe ne possédait que cinq chansons dont un single Pictures On My Wall qui se retrouve dès sa sortie « disque de la semaine » de tous les hebdomadaires musicaux du Royaume-Uni. L’époque s’y prêtait, les labels étaient à la recherche d’idées neuves et le combo du Merseyshire arrivait à point nommé. La suite logique, c’est un premier album (Crocodiles) paru en 1980 qui dévoilait un paquet d’influences. Au hasard, on pourrait citer Television, Leonard Cohen, The Velvet Underground, Frank Sinatra, David Bowie et The Doors (la superbe reprise de People Are Strange, produite par Ray Manzarek plus tard dans les années 80). Par la suite, le groupe évolue radicalement et propose en l’espace de trois années trois albums impeccables dont les progressifs Heaven Up Here et Porcupine (qui contient leur premier tube The Cutter où Ravi Shankar place quelques notes de son sitar). Les climats pesants et les vocalises lointaines rajoutent une contenance aérienne à une guitare rythmique marbrée et les arrangements en reverb se chargent du reste. Le chanteur Ian McCulloch et sa bande décrochent la timbale en 1984 avec l’inoubliable Ocean Rain, sans doute le meilleur disque de la formation dont Coldplay ne s’en remet toujours pas, sur lequel figure peut-être l’une des vingt plus belles chansons de tous les temps, l’incroyable The Killing Moon.
Après tant de classe et de cohérence arrive l’album de la tourmente. Le disque au titre homonyme, paru en 1987 transpire la fatigue et l’usure des tournées, la drogue et les tensions si bien que l’agencement des titres demeure bancal. Conscient de l’impasse artistique, McCulloch décide de faire une pause avec son groupe, un peu à la manière de New Order pour se concentrer sur une carrière solo. Ce n’est que dix longues années plus tard et quelques péripéties (décès du batteur Pete De Freitas, parution d’un album dans le dos du chanteur, brouilles en tout genre) que Echo And The Bunnymen renaît avec Evergreen, septième opus qui confirme le retour en grâce du trio originel McCulloch-Sergeant-Pattinson via des titres aussi époustouflants que Nothing Lasts Forever, Don’t Let It Get You Down et I Want To Be There (When You Come). Ensuite avec l’album What Are You Gonna Do With Your Life ?, Pattinson range sa basse, McCulloch joue de plus en plus de claviers et les sessionmen débarquent sans pour autant modifier quoi que ce soit au son de ce qui bientôt ne sera plus un groupe mais la « chose » de deux individualités qui savent exactement ce qu’elles veulent et comment l’obtenir.
Cette compilation est remarquable parce que toutes les chansons qui la composent sont parfaitement représentatives de l’œuvre de McCulloch et Sergeant. Laissons causer ceux qui ont considéré ce groupe comme une bande de snobinards qui se piquent de surréalisme car côté musique, il n’y a rien à dire : la soupe est exquise.
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