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par Le Daim le 13 novembre 2007
publié le 11 juin 2007 (Dance To The Radio/Cooperative Music)
Le rock anglais, c’est un peu comme le reggae. Entendre une chanson, c’est les entendre toutes. L’innovation n’a jamais vraiment été le fort de nos voisins d’outre-manche mais, tout bien réfléchi, ça n’est sans doute pas là-dessus qu’il faut les juger. Car après tout, le rock n’est-il pas d’abord une question d’électricité et d’insouciance, c’est-à-dire d’énergie communicative ? Les potes, les nanas, la bière, voilà ce qui compte dans la vie. Fuck tout le reste ! Les décennies précédentes ont été généreuses en pourvoyeurs de bande-son collant à cette saine attitude, que la jeunesse anglaise a toujours érigée en religion : Beatles, Stones, Who ont fait des enfants, Pistols et Clash, lesquels ont accouché des Oasis et autres Blur. L’arrogance originelle ne semble pas prête de disparaître, preuve en sont les Kaiser Chiefs, Arctic Monkeys ou ces Pigeon Detectives qui ont publié il y a quelques mois leur premier album Wait For Me. Cela dit, rien de nouveau sous le soleil. On prend les mêmes et on recommence, en quelque sorte. C’est qu’il faut bien renouveler le contenu des juke-boxes dans les pubs ! Filez quelques disques d’Oasis et des Strokes puis des instruments à cinq gamins de Leeds, vous obtiendrez bientôt douze titres explosifs certes tous à peu près semblables mais bons pour les dancefloors. Tous les ingrédients sont bel et bien là : rythmique punk survitaminée, guitares omniprésentes sous influence Gallagher et Hammond Jr, voix de prolo crachant des textes crétins soutenue par des chœurs totalement primaires.
Le résultat aurait pu être désastreux : imaginez un énième groupe de punks aussi débiles qu’opportunistes ne sachant pas jouer... Là, on est heureusement loin du compte. Si l’héritage des Clash se fait sentir dans l’énergie déployée sans relâche par le groupe, ce dernier a visiblement tout aussi bien assimilé la leçon de pop des Beatles : chaque titre de ce Wait For Me est un pur concentré de mélodies irrésistibles. Des tubes, rien que des tubes. De plus la composition ne se contente globalement pas du léger trois accord et basta : l’album fourmille de sympathiques ponts et autres revirements harmoniques ou rythmiques qui prennent l’auditeur par surprise, ne lui laissant jamais le temps de s’ennuyer, d’autant que la durée de morceaux excède rarement les trois minutes réglementaires. La même originalité a été apportée aux arrangements qui recèlent donc quelques bonnes trouvailles parcimonieusement disséminées comme le dobro qui introduit Can’t Control Myself ou le synthé discret de Stop Or Go. Mais la vraie force de l’album réside dans les guitares jouées par Oliver Main et Ryan Wilson. Leurs Rickenbacker et Gibson forment un duo virtuose misant tout sur l’entrelac mélodique d’une rythmique simple et d’arpèges virevolants. Voilà qui n’est pas sans nous rappeler la musique des Strokes, alors que les solos à base de saturation grave et de chorus évoquent la patte du Noel Gallagher sur le premier Oasis.
Cet album laisse donc une impression d’ensemble plutôt positive. Mais on peut être assez vite fatigué par l’énergie considérable émise par ces douze titres joués à deux-cent à l’heure par une bande d’ados qui, eux, ont des hormones à revendre et rentrent encore dans leurs jeans troués ultra-slim et leurs petits blousons de cuir (perso, j’ai malheureusement passé l’âge, enfin...). Ce disque n’est pas fait pour être écouté d’une traite chez soi, dans son canapé tard le soir ni même le matin au réveil sous peine d’infarctus. On aurait plutôt affaire à une collection de boules de foudre adaptées à l’ambiance survoltée des clubs, une musique pour danser, se défouler, siffler des pintes jusqu’à l’aube. C’est ni plus, ni moins, tout le mal que les Pigeon Detectives nous souhaitent. Le quintet de Leeds ne réinvente pas la poudre à canon -ce n’est pas ce qu’on lui demande- mais il sait foutrement bien l’utiliser.
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