Pochettes
Alice In Chains

Alice In Chains

Alice In Chains

par Brice Tollemer le 15 novembre 2010

paru le 2 novembre 1995 (Columbia).

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Et si tout bonnement le chien était l’élément symbole du Grunge, son emblème à la fois originel et testamentaire ? Les références canines émaillent en effet la vie et mort de ce mouvement musical bâtard (justement) et hybride, mélange de punk, de drogue, de rock et de métal. Quand, en 1991, Chris Cornell rend hommage - avec les futurs membres de Pearl Jam - au chanteur de Mother Love Bone, Andrew Wood, il intitule ce projet Temple Of The Dog. En 1995, ce mystérieux chien à trois pattes au regard plus désabusé que réellement triste illustre ainsi le dernier album studio d’Alice In Chains. Enfin, en 2003, Pearl Jam sort son recueil de faces B et d’inédites, un double album s’intitulant... Lost Dogs, qui comprend par ailleurs une chanson cachée rendant hommage à Layne Staley, décédé le 20 avril 2002.

C’est peu de dire que cet album éponyme d’Alice In Chains est glauque. La solitude, la violence sourde, la mort lente sont autant de thèmes qui traversent les chansons telle une seringue transperçant un bras désarticulé. Bien souvent, la lutte contre l’héroïne est un combat perdu d’avance improbable à abréger. Staley essaie de vaincre ses addictions, ce qui l’épuise considérablement. Tout au long de l’album, Jerry Cantrell est là pour l’épauler, est à ses côtés pour tenir face au micro. Rarement dans l’histoire du rock deux voix se seront mêlées aussi harmonieusement pour conter la souffrance désespérée de l’âme. Une noirceur indélébile.

Et ce chien estropié qui nous regarde. Cet animal qui tient en équilibre malgré sa patte manquante, qui réussit à se maintenir debout et qui n’aboie pas, ne se plaint pas, préférant probablement intérioriser sa douleur plutôt que de la cracher à la face variolée du monde. Peut-être trop pudique pour être triste. Ami de l’homme, compagnon de route des voyageurs errants, le chien représente la plupart du temps le guide de son maître vers l’ultime voyage, vers la nuit éternelle. Mais celui d’Alice In Chains ne peut même plus marcher correctement. Il est au bout du chemin, marqué par les blessures inhérentes à sa voie tracée. Il veillera tant qu’il peut.

Tel un vautour sur une carcasse d’animaux séchés, la mort plane tout au long de l’album. Il n’est plus même question de mélancolie tellement l’espoir semble avoir disparu. Témoignage d’une époque ou testament infortuné, nul ne peut vraiment l’expliquer. Ce Cerbère atrophié qui semble garder la porte d’un monde en train de disparaître est sans aucun doute l’une des pochettes les plus emblématiques de cette période, au même titre que le bébé nageant vers un dollar de Nevermind (Nirvana) ou que le mouton pris dans des filets de Versus (Pearl Jam). Cynique, sombre et inéluctable comme le destin de la plupart de ces groupes.

Puis, peu à peu, Layne Staley disparut progressivement... In the darkest hole, you’d be well advised / Not to plan my funeral before the body dies.

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Article publié pour la première fois le 27 janvier 2007.



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