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Never Play Cowboy In An Indian Shop

Never Play Cowboy In An Indian Shop

Asking Sally

par Parano le 13 février 2007

3,5

paru en mars 2006 (autoproduit)

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L’autre soir, dans un bar bourgeois où la gueule de bois s’accompagne toujours de pensées aussi profondes que la gorge de ma voisine, un pote a eu cette phrase ultime : « La Belgique est un paradis pour le vrai rock ». Je lui ai aussitôt cassé la gueule, histoire de lui montrer qui est le chef, et, tandis que le barman l’évacuait dans les toilettes pour handicapés, j’ai réfléchi à cette fine idée. Mouais, c’est vrai qu’en Belgique, on trouve du bon, du lourd, de l’authentique rock n’roll, pas comme chez nous. Ils ont dEUS, Girls In Hawaï, 2 Many DJs, Hulk, Millionaire, Mud Flow, Hitch, Flexa Lyndo, nous on a Indochine, Vegastar, Superbus et Luke !! Ils ont Dour, nous on se tape les Francofolies du bord de mer. Ils ont Sharko, nous on se paie Sarko (bon, d’accord, celle là est facile, mais je ne suis pas Belge). Bref, j’ai brisé une choppe de Leffe sur le zinc, et j’ai saigné mon pote pour m’excuser. Le bougre avait raison.

Cette subtile, quoique surprenante, introduction n’aura pas manqué de mettre la puce à l’oreille aux plus malins d’entre vous (ce qui exclu d’office les lecteurs de Rock Mag, et laisse à peine une chance à ceux de Rock & Folk). Oui, Asking Sally est un groupe belge, de Mouscron pour être précis. Leur album Never Play Cowboy In An Indian Shop, sorti il y a un an, est un étonnant collage rock, qui assemble des titres enregistrés au cours des cinq dernières années. Une sorte de rétrospective éclair de leur courte carrière, où le rock plombé à la Chokebore (Sarah UK, Feux Rouges) laisse peu à peu la place aux coups de sang proches de Sloy (Space Hymen). On devine que le trio (car c’en est un, inutile de vous affoler, je ne l’avais pas encore dit) a sifflé ses premières bières en écoutant The Cure et plaqué ses premiers accords de guitare en pensant à Kim Gordon. Mais, à la différence des milliers de groupes qui encombrent les ondes, et nos bronches par la même occasion, Asking Sally ne se résume pas à ses références musicales, et le groupe a rapidement composé son propre univers sonore.

« The difference between ordinary and extraordinary is the little extra ». Le petit extra est bien présent dans chacun des 12 titres de l’album : les mélodies troublantes, inattendues, s’échappent comme par miracle d’un rock planant et intrigant, porté par une rythmique plus sobre que Jeff Buckley, passez-moi l’expression (mais je suis chez moi, je fais ce que je veux). Pour tout vous dire, quand j’écoute cet album, je pense à Magritte. Étonnant ? Non, car comme lui, Asking Sally parle par énigme, et explore sans relâche le décalage entre la musique rock et sa représentation. Il y a du dada chez ces types (Not Today). Ça nous change des hululements de Muse et du spleen de Diam’s. Le groupe s’autorise tous les travestissements, balançant dans la marmite sonore les ingrédients les plus inattendus : trompette, samples, et beat indus. Avec Never Play Cowboy In An Indian Shop, les adeptes du rock frileux et académique vont dérouiller, c’est sûr. Les autres embarqueront sans hésitation pour un vol en apesanteur, là où peu de groupes osent s’aventurer.



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Tracklisting :
 
1- Sarah UK (6’28")
2- Not Today (1’48")
3- Feux Rouges (5’20")
4- Space Hymen (3’21")
5- Tomaten Sauce (5’37")
6- Roots (3’04")
7- Target (3’02")
8- Spell Song (5’24")
9- Goristein (7’56")
10- Sang D’Arbre (5’13")
11- Track 5 Theory (5’15")
12- Au Revoir (16’10")
 
Durée totale : 68’04"