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Any Way That You Want Me

Any Way That You Want Me

Evie Sands

par Dumbangel le 28 novembre 2005

4,5

paru en 1970 (A&M Records) ; réédité en 2005 (Rev’Ola / Import)

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Encore une bonne initiative du label de Rev’Ola dont la politique de déterrer les petits trésors oubliés par l’histoire du Rock devrait être déclaré d’intérêt public. Si leurs rééditions ne sont pas toujours indispensables mais néanmoins intéressantes, ce premier album d’Evie Sands s’avère être un incontournable pour les amateurs de soul blanche et de Pop music avec un grand ’P’ qui ne peuvent vivre une journée sans se délecter de l’écoute d’un petit Dusty Springfield, The Supremes, Burt Bacharach ou bien encore Jimmy Webb.

Any Way That You Want Me est surtout le fruit miraculeux de la rencontre entre Evie Sands et de ses deux mentors : Al Gorgoni à la production et Chip Taylor (l’auteur de Wild Thing des Troggs c’est lui) à l’écriture. Cependant malgré tous ces atouts dans les mains, Evie Sands faillit bien ne jamais sortir de l’ombre dans laquelle la malchance semblait prendre un malin plaisir à vouloir l’y garder à jamais. Tout cela finira en happy end, mais l’histoire est assez drôle pour être racontée.

La carrière d’Evie Sands commence avec un premier single produit par Al Gorgoni et Chip Taylor, une reprise de Trade Martin appelé Take Me For A Little While pour Blue Cat Record, le label de Leiber & Stoller. Mais le test pressing du disque est volé et Jackie Ross, la valeur montante pop du label Chess Records s’empresse d’enregistrer la chanson qui est annoncée comme le prochain numéro 1 de Jackie Ross dans les revues musicales de l’époque. Se rendant compte de cela, Blue Cat Records fait alors pression sur Chess Records qui finit par ne pas publier la version de Jackie Ross. Malheureusement, les programmateurs radio, un peu frustrés de ne pas pouvoir jouer la version de Jackie Rosse, refuseront de jouer la version originale d’Evie Sand.

Godoni et Taylor s’attelle donc à la tache d’écrire eux même I Cant’ Let Go, mais l’épisode Jackie Ross laissant des traces, le single ne suscite pas l’excitation des programmateurs radio. Cependant, ce seront les Hollie qui connaîtront leur plus gros succès international en reprenant la chanson, puis ce sera au tour de Linda Rondstadt de suivre le même chemin dans les 80’s.

La paire de producteurs ne se décourage pas et signe un nouveau deal pour Evie avec le label Cameo/Parkway. Le succès est enfin au rendez vous avec un Angel Of The Morning qui se classe numéro 1 des ventes en deux-trois semaines. Mais l’euphorie est de courte durée car le label fait faillite. Les 5.000 exemplaires pressés seront vite écoulés sans possibilité d’être réassortis. Encore une fois, c’est à d’autres de tirer profit de la situation et c’est Bell Records qui sort sa version du disque avec Merrille Rush qui atteint très vite le sommet des charts. A un tel point que les gens croiront que c’est cette version qui est l’originale et non celle d’Evie Sands.

Décidément persévérant, nos deux compères optent pour l’un de leur titre Any Way That You Want Me, qui a déjà connu le succès auprès des Troggs en Angleterre, qui a été un hit R&B avec Walter Jackson et a côtoyé les charts pop avec The Liverpool Five. L’idée n’est pas mauvaise en soi, avec une chanson qui a été enregistrée tant de fois, personne ne se risquerait à reprendre la chanson. Au final, Any Way That You Want Me sortira en single chez A&M et il s’en vendra quelques 500.000 exemplaires. Et Evie Sands de connaître ainsi son premier succès.

L’album du même nom, dont il est question ici-même, sera composé aussi rapidement que possible pour profiter du succès du single. Malheureusement, il sortira un poil trop tard et malgré des critiques des plus élogieuses, dont celle du très influent magazine Rolling Stone, le succès commercial ne sera pas au rendez-vous. Il n’en reste pas moins que tous les éléments étaient réunis pour faire de cet album un album culte dans tous les sens du terme. Au final, Any Way That You Want Me est un album qui regorge de somptueuses ballades magnifiées par les talents d’interprète d’Evie Sand et le génie mélodique de Chip Taylor. Servis par des requins de studio au style raffiné et classieux, les arrangements de Al Gorgoni font merveilles et ont juste ce qu’il faut de préciosité et de retenue pour ne pas sombrer dans une soul guimauve à la Philadelphia Sound. Chaque note est posée au millimètre près et les chansons, entêtantes, ricochent à loisir dans notre inconscient, toujours prêt à se délecter à toute heure de si rares pépites musicales. Comment, par exemple, ne pas être touché par la beauté suprême d’un morceau tel que I’ll Never Be Alone Again, baigné de cordes somptueuses et de chœurs aériens ? A côté des morceau du tandem Gordoni/Taylor, l’album contient son lot de reprises : James Taylor (Carolina In My Mind) ou bien encore Buffy Saint-Marie (Until It’s Time For You To Go). On y retrouve même la première composition d’Evie Sands avec It’s This I Am qui témoigne des nombreux talents de la dame.

Jusqu’alors, l’album n’avait été réédité qu’au Japon et disponible uniquement en import à un prix prohibitif. Avec cette réédition, Evie Sands devrait enfin dépasser son statut d’artiste culte. Il faut l’espérer tout du moins. La jeune garde, elle ne l’a pas oublié en tout cas. Reprise par Beck et par Beth Orthon, la dame a même joué avec Belle & Sebastian à Glasgow après la sortie de son dernier disque Women In Prison en 2000. Aux dernières nouvelles, un nouvel album serait en préparation, affaire à suivre donc...



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Tracklisting :
 
1- Crazy Annie (3’42")
2- But You Know I Love You (2’55")
3- I’ll Never Be Alone Again (3’03")
4- Any Way That You Want Me (3’47")
5- Close Your Eyes, Cross Your Fingers (4’00")
6- It’s This I Am (4’08")
7- Shadows Of The Evening (4’14")
8- Take Me For A Little While (2’41")
9- Until It’s Time For You To Go (2’56")
10- I’ll Hold Out My Hand (3’25")
11- Carolina In My Mind (0’38")
12- One Fine Summer Morning (3’21")
13- Maybe Tomorow (Bonus Track) (3’12")
 
Durée totale : 41’59"