Livres, BD
Love Song

Love Song

Christopher

par Giom le 4 avril 2006

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publié aux éditions du Lombard en mars 2006 ; collection « Polyptyque » ; volume 1 : Manu

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La couverture accroche énormément ! Les quatre protagonistes de la bande dessinée se tiennent là, reproduisant la pochette du mythique album Rubber Soul des Beatles. Le titre de l’ouvrage étant également écrit dans la même police que la pochette du disque, on se dit que l’objet pourrait être intéressant. L’impression positive est renforcée quand on se rend compte que chaque chapitre de la bande dessinée a pour titre un morceau des Beatles : Can’t Buy Me Love, I Feel Fine, Yesterday... Une bonne initiative donc et on se dit qu’on se doit de lire cet ouvrage-hommage aux Beatles et au rock de la part d’un dessinateur qui affiche clairement ses ambitions dès les pages liminaires : « Je voulais rendre hommage à un des groupes qui a marqué notre mémoire collective. (...) Dans cette bande dessinée, il n’y a aucune volonté de nuire à quiconque, surtout pas à John, Paul, George et Ringo ni à leur entourage, je les tiens en trop haute estime pour cela. C’est avant tout un hommage au rock, la seule révolution non sanglante ».

Sauf qu’il y a un petit problème. On sait depuis la série Les Filles que Christopher n’est franchement pas l’auteur de bande dessinée le plus pertinent et visionnaire de l’Hexagone. Sa série phare accumulait déjà les clichés sur la condition féminine à destination d’un public masculin peut-être un peu frustré. Là, avec Love Song, et ce premier épisode Manu, l’auteur se penche sur l’univers des « mecs fans de rock » et on imagine que cette nouvelle série de quatre volumes qui commence aurait tout aussi bien pu s’intituler Les Garçons (après tout , quitte à rendre hommage jusqu’au bout aux « quatre garçons dans le vent » !). Nous voilà donc embarqués pour 48 pages avec quatre trentenaires vivant une pseudo-crise existentielle (et sexuelle pour certains), passionnés de rock et qui n’arrivent, en général, à ne se parler que de ça. On apprécie au début les nombreuses références (le groupe d’amis passe sur un passage piéton dont le décor rappelle une pochette de disque fameuse, les différents posters d’albums rock connus affichés dans le lieu de répétition des quatre personnages...) mais c’est très vite lourd et on reste assez navré par les différents clichés qui s’étalent tout au long des pages de la bande dessinée (blagues récurrentes sur les fonctionnaires, incommunicabilité hommes-femmes ridicule, fantasme du personnage principal sur sa patronne sexy...). Il aurait été au moins intéressant de nommer chaque titre de chapitre d’un morceau de l’unique Rubber Soul, ça aurait au moins donné à la bande dessinée un concept formel cohérent et amusant, ce qui aurait pu sauver la BD. Évidemment, ça demandait à l’auteur un effort supplémentaire pour faire 14 chapitres en 48 pages ce qui n’est peut-être pas si facile !

Pourtant, l’intention était bonne et ça aurait pu réussir mais dans ces cas là, il faut bien l’avouer, ça se serait appelé High Fidelity. L’auteur passant bien sûr par le lieu commun de la rencontre des potes chez le disquaire dont ils sont les seuls clients (est-ce un hommage à Nick Hornby ? Un pastiche ? Un plagiat ? Allez savoir...) mais évidemment quand on a lu le roman anglais, les pages de Christopher paraîssent horriblement ressassées. Ce qui est terrible avec ce genre d’ouvrage, c’est qu’on en arrive à l’affreuse conclusion, si on suit bien le message, que le fan de rock moyen de sexe masculin ne peut être qu’un beauf, complètement paumé et avec comme seul repère sa discothèque, totalement immature, obsédé sexuel et aux préoccupations vraiment sommaires. Un mec pathétique quoi...

Bref, une bande dessinée dont on peut se passer aisément et qui, finalement, fait peut-être plus de mal au rock et à ses adeptes qu’elle n’en à l’air. On pensait le rock débarrassé du machisme depuis les excès des années 1970 !

La phrase liminaire résonne alors dans notre tête : « Dans cette bande dessinée, il n’y a aucune volonté de nuire à quiconque... » Heureusement que c’est précisé !



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