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par Milner le 16 avril 2007
paru le 11 avril 1977 (Brother Records / Capitol)
The Beach Boys Love You : voilà un titre qui coule de source, mais un clin d’œil ironique aussi ; comme s’il était possible de douter un seul instant que The Beach Boys n’étaient que bonheur et amour pour son public. Il est vrai qu’avec les précédents albums, le grand public avait un peu perdu de vu les Garçons de la Plage et ce, depuis l’épisode Smile qui a raté son passage à la postérité. Le cerveau déglingué, le compositeur/bassiste/claviériste Brian Wilson s’était plus ou moins retiré du groupe, laissant ses frères, son cousin et son ancien pote de fac gérer leur carrière tant bien que mal plutôt que de se retrouver à la retraite à 30 ans.
Oui mais voilà, après les récentes déconvenues commerciales de leurs albums du début des années 1970 et la parution de deux compilations qui furent disque d’or sur leurs terres, le reste de la bande fit en sorte de placer dans les meilleures conditions son leader cintré afin qu’il puisse se remettre à la composition et à la production. Ce processus démarra dès l’année 1976 où pour fêter les 15 ans d’existence du groupe, The Beach Boys firent paraître un album de reprises concocté par Brian (15 Big Ones) qui reçut un très large succès. Dans le souci de capitaliser sur ce retour en grâce, un album de matériel original sortira l’année suivante, entièrement produit et composé (enfin presque) par l’aîné des Wilson.
À ce propos, les fans eurent pu craindre que la troupe ne s’enfermât dans l’originalité de son style au détriment d’un renouvellement nécessaire. Bien mal leur en prirent puisque Love You est tout simplement le disque le plus cohérent depuis Pet Sounds. En effet, pas de chansons écrites pour Smile qui ressurgissent sur les albums cinq années après pour donner du poids au disque mais en contrepartie sonner hors-propos. Ici, on a affaire à un homme perturbé qui veut visiblement mettre à nu les petits conforts et la sécurité qu’il éprouve à travers les choses simples de la vie. Et pour ce faire, il introduit en grandes pompes l’utilisation généralisée des synthétiseurs. Pas ces horribles coucous qui connurent leur heure de gloire dans les années 1980, plutôt ceux qui placent un effet de contrepoint, de dualité au morceau qui s’expriment par un retour à une musique plus enlevée : Roller Skating Child, Honkin’ Down The Highway (où Brian Wilson joue de tous les instruments), Ding Dang (titre mineur co-écrit avec Roger McGuinn, ancien leader de feu The Byrds). À travers une bonne partie des quatorze pistes de l’album, il paraît flagrant que l’innocence de l’enfance est le sujet de l’ensemble de l’œuvre car les paroles semblent parfois volontairement puériles comme celles de Johnny Carson qui narrent le bonheur quotidien de voir ce présentateur télé californien présenter chaque soir son émission ou encore de Solar System qui respirent la prise de conscience philosophique. Difficile de faire plus honnête, naturel et sincère.
Les moments forts de l’album sont Let’s Put Our Hearts Together (chanté en duo avec sa femme), I Wanna Pick You Up (et sa chorale qui conclue le morceau) et Airplane (schéma inhabituel de chanson que le chanteur Mike Love transcende de sa voix chaude). Love You n’est pas un magma informe à la manière de tous ces groupes de l’époque dits « de synthèse » qui fleurissaient en Amérique du Nord et auxquels ils manquaient une forte identité. C’est plutôt une œuvre isolée dans la carrière des Beach Boys mais qui compte parmi leurs cinq meilleures productions. Justement, et les autres membres du groupe dans l’histoire ? Petite précision : Love You devait normalement se nommer Brian Wilson Loves You et était prévu pour sa carrière solo. Ceci explique sans doute cela.
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