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Methodrone

Methodrone

The Brian Jonestown Massacre

par Nils le 26 septembre 2006

4

paru en octobre 2000 (Bomp)

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En ce lundi 25 septembre 2006, il est quelque chose comme 23h30 et mon article pour la rédaction a déjà au moins vingt-quatre heures de retard. Donc, tout va bien.
Mais bon, que voulez-vous que je vous dise franchement parce qu’après tout, c’est ça que vous attendez, un papier qui vous permette à la fin de vous faire une idée de ce disque. Mais, c’est un peu plus dur que de parler de Up The Bracket, de Parachute (pas de Coldplay ; des Pretty Things, abruti !) ou d’un Blank Generation. Ce sont des albums qu’on met au plus haut mais tellement de gens sont d’accord avec ce mouvement et cette pensée qu’il n’est pas dur d’en encourager l’écoute.

Attention, les Libertines ont des défauts, mais cela reste un groupe dont on ne peut nier l’existence en 2000, parmis les Strokes ou Arcade Fire et les White Stripes, ces derniers franchement plus excitants musicalement mais moins libertins. La force du groupe d’Albion réside peut-être dans la durée de vie aux allures Pistoliennes, mais cela marche dans l’autre sens. Le Brian Jonestown Massacre, que beaucoup ont connu avec Dig !, existe pourtant depuis plus de dix ans.

Oui, car après tout, qui connaît le Brian Jonestown Massacre, pire encore qui le connaissait avant Dig !, et enfonçons le clou encore un peu, qui avait eu un murmure de son existence dès son premier album ? Pas grand monde. Et je ne m’en cache pas : j’en fais parti mais bien sûr, une pépite comme ça, je n’attends pas qu’un documentaire à la va-vite sorte à son sujet pour écouter. Le BJM, c’est une longue histoire qui remonte au tout début du post 2000, qui frôlait les Dandy Warhols et le Black Rebel Motorcycle Club, normal me diriez-vous mais on en parlera plus tard.

Ce disque est génial. Incontournable dans toute les discothèques normalement constituées.

Comment ça, pas objectif ?

Le Brian Jonestown Massacre, même s’il n’en a pas l’air, est familial, tout le monde est timide pourtant, ou apeuré qui sait, avec des chansons comme Hyperventilation que beaucoup doivent couper en plein milieu. Effectivement, il faut être dedans, il faut peut-être se forcer pour certains au début, ça coince toujours la première fois, hein ? Bref, quand le morceau (crescendo de mélodie, batterie libre et voix d’Anton Newcombe perdu) est fini, alors là, vous partez dans une atmosphère toute sauf éphémère.

Le Brian Jonestown Massacre occupe l’espace. Peut être pas de la scène rock qu’on nous montre sur MTV ou dans les pages de certains magazines (exemple pris au hasard, aucun album du BJM ne figure dans le R&F Disco 2000 les Indispensables, et qu’on ne vienne pas me dire que ce n’est pas disco, pas plus que les Sex Pistols ou Iggy And The Stooges) mais c’est pourtant un des rares CD de ces dernières années qui occupe toute la place qu’on lui donne, une heure vingt de musique, quand par dessus le marché le contenu est bon, rempli de guitares noisy et brutes, on prend.

Mettre Methodrone dans son baladeur dans les années quatre-vingt dix, c’est d’abord se prendre une claque, du post modern, l’album n’est pas parfait, trop noisy pour certains, en retard de quelques années pour d’autres. Ça se bouscule au portillon. Mais bon, accordons que c’est le premier, et tout le monde ne s’appelle pas Tom Verlaine ou Lou Reed. Je disais donc que dans les années quatre-vingt dix, c’est se prendre une giclée de fraîcheur, de retour dans le temps et de maturité musicale en même temps, tout ça donné par le leader, au niveau de l’écriture et de son talent de multi-instrumentiste ou de la synthèse entre les instruments qui l’entourent, oui c’est ça, même au milieu de My Bloody Valentine, Radiohead et des Red Hot Chili Peppers.

Alors, essayer de passer cet album en plein post-2000, c’est jouer avec sa vie. Mais voulez vous m’écouter ? Ne partez pas, j’ai encore quelques trucs à vous dire. Ho oui, me lire, arrêtez de jouer sur les mots, ne vous croyez pas intelligents, ne faites pas les fiers. Il n’y a pas de quoi, à se débiliser devant les divers programmes TV qui nous montre des shows aussi intéressants qu’un discours de Yoko Ono (oui, tout d’un coup j’y pense, j’ai revu sa face ingrate hier dans L’Année Du Rock 83-84 par Paul et Marjorie Alessandrini, au milieu de Bowie, des Jam et de Mark Knopfler, alors bien sûr, ça fait tache). Non, si vous voulez essayer d’avoir un brin de fierté en 2000, achetez ou téléchargez Methodrone et passez-le, un jour, evitez les repas de familles du dimanche ou alors buvez votre whisky en rotant à la gueule de votre grand-mère, et peut-être vous qualifiera t-on de punk. Non, essayez de le passer à un apéritif en compagnie d’amis ou pendant que vous essayez de draguer la première venue qui découvre votre horrible chambre puante ressemblant à une maison de Berlin juste après la deuxième guerre (comment ça squat ? Et la mémé choquée, vous voulez la tuer définitivement ?).

Ça ne sera pas simple, je vous l’avoue, mais jouez sur le coup de la mutinerie parmis le mouvement actuel. Surtout que pour la (ou les) sortir des Saez, Muse ou les Arctic Monkeys (ce qu’ils écoutaient de plus wock’n woll rendez-vous compte), il y a mieux. Ne serait-ce que Take It From The Man mais ça aussi on en parlera prochainement. Alors, passez le pas, retrouvez-y les guitares stoniennes (quoi que pas trop marquées sur cet opus mais pas absentes), le son floydien et l’ambiance feutré d’un Loveless. Tiens, parlons-en de cette dernière ressemblance, une sorte de retrait de la voix, flou, pas toujours en avant, à la manière d’un live. L’album ? Pas trop envie de vous en parler, ça va vous avancer à quoi ? je préférerai que vous l’écoutiez, ce son floydien sur des chansons comme Evergreen ou [Untitled], dont on ne se lasse pas. Allongez-vous et endormez-vous sur I Love You, vos rêves seront ornés d’une jolie atmosphère livide. Mettez de côté les trop Floydien-LSD Records et Outback qui ne sont que des instrumentaux dont on peut se passer, mais sautez sur des titres qui ont la marque du Brian Jonestown Massacre, Short Wave, That Girl Suicide, Wisdom, She’s Gone avec un vrai son de guitare, de la composition dont on rêve tous les jours, de l’art. Le reste de l’album se finira dans un frisson de nuages aux échos psyché-folk-country-héro-squat-bagarre-réflexion-énemies et tout ce que l’album pourra vous évoquer.

Mais le Brian Jonestown Massacre crée sa propre bulle qui vous explose au visage dans toute sa délirante créativité, assume et dépasse ses influences, le contexte actuel aidant beaucoup.



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Tracklisting :
 
1. Evergreen (3’24")
2. Wisdom (5’20")
3. Crushed (6’08")
4. That Girl Suicide (3’41")
5. Wasted(4’21")
6. Everyone Says (4’15")
7. Short Wave (2’47")
8. She Made Me (4’42")
9. Hyperventilation (9’52")
10. Records (1’50")
11. I Love You (4’15")
12. End Of The Day (5’09")
13. Outback (4’07")
14. She’s Gone (7’18")
15. [Untitled] (4’52")
 
Durée totale : 80’02"