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Yours Truly, The Commuter

Yours Truly, The Commuter

Jason Lytle

par Sylvain Golvet le 16 juin 2009

3,5

Paru le 18 mai 2009 (Anti)

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“The last thing I heard I was left for dead” (Yours Truly, The Commuter)

C’est vrai qu’on ne donnait pas cher de Jason Lytle suite à la dissolution de Grandaddy fin 2005, ainsi qu’à l’écoute de la mélancolie communicative de Just Like The Fambly Cat composé et exécuté quasiment en solo. Lytle y parlait des chats qui finissaient leurs vies à l’abri des regards. Ayant lui-même quitté Modesto (Californie) pour les montagnes du Montana, il était assez aisé d’imaginer la découverte de son corps une bouteille dans une main et l’autre coincée dans les câbles emmêlés d’un clavier Bontempi à l’agonie. Mais heureusement le grand air semble lui avoir fait du bien. À vrai dire, on avait jamais réellement cru que le bonhomme puisse arrêter ses activités musicales. Car il ne sait très sûrement rien faire d’autre de son cerveau malade.

Un cerveau malade en bonne forme quand même sur une première partie d’album de bonne facture. En enchaînant Yours Truly, the Commuter (le titre), Brand New Sun ou le brumeux I Am Lost (And the Moment Cannot Last), Lytle fait preuve d’une belle constance et propose des titres d’une bonne qualité, dont les mélodies simples et les arrangements malins confirment que Lytle mérite son statut de Brian Wilson du skate (Jason Lytle est un ancien skater). Comme s’asseoir dans le vieux canapé de mamie, celui dans lequel on était si bien, on entre dans cet album avec un bonheur retrouvé.

Et là boum ! Lytle nous ressort son travers qui pourrissait déjà la belle lancée du dernier Grandaddy. It’s The Weekend, qui se veut une récréation jouissive à du mal à cacher derrière ses guitares une paresse de composition flagrante. Comme la suivante Furget It, digression instrumentale peu passionnante qui enchaîne sur une simple ballade au piano qui sent un peu trop un manque d’inspiration dans les arrangements.

De fait, les albums de Grandaddy étaient quasiment tous construits de cette manière : Entrée en matière plutôt directe, transition instrumentale ou parodique, chanson au piano et final déchirant. Là où Sumday retombait de belles manières sur ses pattes en finissant sur de magnifiques titres tire-larmes, Yours Truly, The Commuter se remet difficilement de cet interlude, la faute à des morceaux moins marquants derrière, comme si Lytle n’avait plus le souffle pour terminer cette renaissance. Pourtant, et malgré ces quelques aspects laborieux, transparaît ici et toujours l’extrême sensibilité de son auteur, son innocente absence de cynisme. Avec ses ballades post-Neil Young, Lytle touche toujours à un moment ou à un autre un sentiment en nous, souvent très simple : notre animal préféré mort il y a des années, un proche parti loin, une odeur oubliée. Comment ne pas succomber.

À l’image de cette pochette bricolée, évoquant une version cheap de celle de The Software Slump, Jason Lytle nous a concocté ici un album de Grandaddy version rafistolage. Mais comme un album de Grandaddy est déjà relativement bricolé, la nuance s’avère tenue. Tout de même, on n’atteint ici que rarement le niveau de qualité de The Sophtware Slump ou de Sumday, la complaisance de tout exécuter en solo peut expliquer cela. On se réjouit tout de même que Jason Lytle soit revenu dans la course. Le dernier titre de l’album se nomme Here For Good et on peut même l’entendre collaborer avec son collègue de dépression Mark Linkous sur deux chansons de Dark Was The Night, album cosigné Danger Mouse & Sparklehorse. Comme quoi un chalet dans le Montana n’éloigne pas de tout et de tous.



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Tracklisting :
 
01. Yours Truly, the Commuter (3’16")
02. Brand New Sun (4’22")
03. Ghost of My Old Dog (5’06")
04. I Am Lost (And the Moment Cannot Last) (2’20")
05. Birds Encouraged Him (4’25")
06. It’s the Weekend (2’15")
07. Furget It (3’52")
08. This Song Is the Mute Button (2’40")
09. Rollin’ Home Alone (4’14")
10. You’re Too Gone (2’41")
11. Flying Thru Canyons (3’07")
12. Here for Good (3’57")
 
Durée Totale : 42’18"