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The Libertines

The Libertines

The Libertines

par Milner le 23 mars 2005

4,5

paru le 30 août 2004 (Rough Trade / Pias)

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Ce n’est plus tout à fait un mystère : The Libertines fut l’un des tout premiers groupes de punk-rock anglais. Et cela est déclamé en s’appuyant sur des faits précis : ils ont eu la couverture de tous les magazines british et quand un soir de septembre, ils ont triomphé à la Brixton Academy, quelques journalistes surpris ont cru reconnaître les anciens Clash disséminés dans la salle. Ils furent les seuls. La perfide Albion est une garce vicieuse, mais finalement bien sympathique. D’accord, ses engouements d’hier battent le pavé le lendemain mais c’est qu’elle ne se laisse conquérir que par les meilleurs. Il faut avoir de la gueule et ils en ont à revendre : trois d’entre eux feraient de très honnêtes Ian Brown. Le batteur a l’air d’un veau à consonnance rock steady, et ça aussi c’est indispensable.

Le succès musical de leur deuxième album éponyme, ils le doivent à un homme, Mick Jones, déjà producteur de leur précédent effort. Rappel des faits : il fut appelé à la rescousse au début des séances pour remplacer au pied levé l’ancien guitariste de Suede Bernard Butler congédié qui trouvait le groupe mal canalisé dans les studios, expédiant son boulot sans compromission, brutal et punk jusqu’aux gencives. Il fallait présenter cela décemment. Que nenni pour Pete Doherty qui n’aime pas trop voir ses méthodes de travail revues et corrigées de la sorte. Le Suediste avait d’autres cauchemars en tête, et il laissa l’ex-bras droit de Strummer au sein de The Clash relever le gant et plutôt bien.

Car Mick Jones est un punk à idées : il laisse le groupe jouer live, non-stop, durant sept jours ; sait jusqu’où des cuivres peuvent aller (et ce n’est jamais trop loin ) comme sur The Man Who Would Be King et surtout professe une sainte horreur des violons. The Libertines, c’est la fougue (Can’t Stand Me Now) qui ne s’épanche qu’à cent à l’heure (Arbeit Macht Frei) et joue avec une pureté de pionnier suramplifié (Campaign Of Hate). The Libertines est mûr pour emballer indifféremment les anciens de 1977 et les fans de Oasis (Music When The Lights Go Out) et surtout, il pratique le rock comme un abordage permanent, une mise en énergie des sacro-saintes traditions, une revendication exaspérée et fumante. Disque totalement impudique où règlements de compte, hurlements, trahison, retrouvailles s’y retrouvent condensant parfaitement les derniers mois d’existence du groupe.

En coulisse, le groupe se rapproche plus de la Sainte-Trinité Rolling Stones/New York Dolls/Happy Mondays que Keane/Muse/Travis. Les deux leaders Pete Doherty et Carl Barât revitalisent le genre à grands échanges de Ying/Yang verbaux qui se retrouvent publiés dans l’album. Le premier serait du genre à pleurer parce qu’il n’a pas pu poser son cul sur le sol rugueux d’une quelconque arène pour y recevoir sa dose de décibels ou, tel un poète actuel, se plaindre que les pierres ne roulent plus comme avant ou encore qu’il n’arrive plus à bander. L’autre serait une incarnation vivante du flegme typiquement britannique, celui qui retient l’édifice à bout de bras sans montrer un seul instant qu’il peut s’effondrer dans la minute suivante. Mais n’importe qui vous dira que deux pôles sont la condition indispensable à un équilibre bien compris.



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Tracklisting :
 
1- Can’t Stand Me Now (3’23")
2- Last Post On The Bugle (2’32")
3- Don’t Be Shy (3’03")
4- The Man Who Would Be King (4’00")
5- Music When The Lights Go Out (3’02")
6- Narcissist (2’10")
7- The Ha Ha Wall (2’30")
8- Arbeit Macht Frei (1’13")
9- Campaign Of Hate (2’10")
10- What Katie Did (3’50")
11- Tomblands (2’05")
12- The Saga (1’53")
13- Road To Ruin (4’20")
14- What Became Of The Likely Lads (5’53")
 
Durée totale : 42’13"